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espèces et micro


Précoce sur le B.R.F. nourricier: sur la piste des Agrocybes

 

Dans notre précédente chronique nous évoquions, à propos du Plutée couleur de cerf, le biotope particulièrement "productif" du Bois Raméal Fragmenté (B.R.F.). En bordure d'un parking du centre de Gradignan, en Gironde, nous avions vu justement depuis quelques jours, dans un massif abondamment garni de B.R.F, plusieurs troupes de champignons aux chapeaux brun-jaune tout craquelés. Ça ressemblait bien à des Agrocybes mais leur taille paraissait bien grande. La consultation de la littérature, des sites spécialisés d'Internet dont MycoDB et un peu de microscopie nous confortait sur le genre et précisait l'espèce qui portait bien son nom en ce 22 mars printanier: Agrocybe praecox  (Agrocybe précoce).

 

 

 

Sous l'angle macro, lames échancrées beige et brunissant sur le tard, anneau membraneux fragile et (comme ci-dessus) déchiré restant accroché au chapeau, chair blanche à odeur de farine, saveur plutôt douce (pour le minuscule morceau de chapeau mâché et vite recraché), stipe régulier assez long et ...

 

 

 

… caractère souvent décrit pour cette espèce, de nombreux cordons mycéliens blancs qui restent bien accrochés à la base du stipe quand on le dégage du sol "jardinier" très meuble où il abondait, lié au B.R.F.

 

 

 

Sous l'angle micro, nous avons notamment observé des cheilocystides et pleurocystides fusiformes ventrues et la mesure des spores ellipsoïdales lisses à paroi épaisse était en moyenne, pour notre récolte, de 9,4 x 5,9 µm.

Petite bibliographie: Bon (2004) p.262; Courtecuisse & Duhem (2011) n°1299; Eyssartier & Roux (2011) p.836; Breitenbach & Kränslin (1995) Tome 4 n° 368.

Michel Pujol 

 


25/03/2019
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Ces toxiques à la peau dure

Il n'est pas rare que les Centres antipoison aient à connaître des cas de consommation de Sclérodermes, un genre dont le nom indique que "leur peau est dure". L'exoperidium, tel un sac de cuir, en protège la gleba où murissent les spores qui s'envoleront dès l'ouverture naturelle ou fortuite de ces gastéromycètes.

 

 

 

En effet, un jeu de gamin pas du tout vilain et même propagateur de l'espèce consiste à écraser fortement du talon ces boules bien mûres et créer l'envol du nuage de spores bien sombre. Les enfants connaissent ainsi souvent leur premier contact avec un champignon.

Jouer n'est pas manger car ces Sclérodermes sont toxiques. Nous avons lu et entendu dire qu'ils auraient servi, il y a sans doute longtemps, de substitut aux truffes pour orner indûment des pâtés.

 

 

Appelé souvent improprement "vesse de loup" (réservé plutôt aux genres Lycoperdon et VascellumScleroderma citrinum ,le plus répandu, borde les chemins et ne déteste pas les endroits secs à proximité de feuillus et conifères.

 

 

 

Cette espèce de scléroderme se reconnaît facilement à sa couleur citrin.

 

 

 

 

Microscopiquement, la gleba déborde de spores globuleuses épineuses d'une dizaine de microns de diamètre. Leur densité se prête à l'envol des nuages enfantins. 

 Orné d'aréoles

 

 

Autre Scléroderme, bien plus petit que le précédent et tout aussi toxique, S. areolatum, le Scléroderme aréolé. Nous l'avions rencontré (photo ci-dessus) sous couvert de feuillus tout près d'un chemin dans la ripisylve de l'Eau Bourde à Canéjan (33) ces sclérodermes étaient une des rares espèces présentes en ce jour de sécheresse récurrente.

Macroscopiquement ils se différencient notamment par leur taille (1 à 3 cm de diamètre pour notre récolte) du Scléroderme vulgaire (S. citrinum) plus massif et au péridium plus épais et craquelé une fois mature. 

Chez Scleroderma areolatum les rhizomorphes abondent. Sur notre photo, des grains de sable y sont attachés. Le caractère sans doute le plus discriminant de cette espèce est la ponctuation aréolée du revêtement Certains auteurs parlent de "peau de léopard". D'autres évoquent une odeur faible de caoutchouc que nous avons ressentie sur notre récolte surtout dans la phase de primo-dessication.

 

 

 

Microscopiquement (montage ci-dessus) les spores (11,4 X 11µm en moyenne dans notre étude) sont globuleuses et nettement épineuses.

M.P.

Bibliographie: Eyssartier&Roux p. 1048; Courtecuisse&Duhem n° 1727; Bon p.302

Sur le Net (par exemple)Myco DB mycocharentes mushroomexpert fauneflore-massifcentral.fr

 

 

 


03/12/2018
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En étoile: Astrée hygrométrique d'un samedi l'autre

 

 

 

Autant est-il hasardeux, pour une récolte éventuelle, de laisser en place, dans un lieu public et fréquenté, quelques cèpes pour les regarder grandir jour après jour. Autant peut-on se livrer à cet exercice, par exemple au printemps, avec des espèces qui risquent au plus le coup de pied à défaut de coup de cœur.

Un tantinet en arrière, en avril 2012... Ils étaient en bord de chemin, posés sur les feuilles de charme et de chêne à peine humides, détachés du sol après avoir atteint leur maturité qui les fait s'ouvrir en étoile. Si ce n'était une station autrefois découverte, donc incitant à la vigilance, ils seraient sans doute passés inaperçus.

Espèce assez thermophile, l'Astrée hygrométrique est un gastéromycète dont les "pieds" se replient, en séchant, sur l'endoperidium pour ne faire qu'une boule. Un samedi après-midi, ils s'ouvraient grâce à deux jours de pluies intermittentes pour un spectacle de danseurs étoiles. 

 

 


La microscopie de la gleba montre un capilitium banal où s'accrochent des spores globuleuses à verrues épineuses apparaissant quelquefois tronquées. Celles que nous avons mesurées allaient de 7,5 à 10 µm de diamètre.

Dans le détail, une série de spores d'une gléba vraisemblablement plus mature donnait les calculs suivants (méthode Piximètre):

8 [8,8 ; 9,2] 10 x 7,8 [8,4 ; 8,8] 9,5 µm

Q = [1 ; 1,06] 1,1 ; N = 18 ; C = 95%

Me = 9 x 8,6 µm ; Qe = 1

 

 

Du samedi 7 avril...

 

 

... au lundi 9 avril...

 

 

...se refermant, en ayant séché, le samedi 14 avril

M.P.

 

 

 

 


13/07/2018
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